
Sandra Ferguson, une militante engagée pour les petits agriculteurs de la Grenade, reconnue comme Leader de la ruralité des Amériques par l'IICA
Communiqué de presse – Courtoisie de l’IICA
Sandra Ferguson, qui consacre depuis plus de trente ans sa vie à la promotion des petits agriculteurs en leur facilitant l’accès au crédit, à l’appui technique et à la formation, a été reconnue par l'Institut Interaméricain de Coopération pour l'Agriculture (IICA) comme Leader de la ruralité des Amériques.
Mme Ferguson recevra le prix « L'Âme de la ruralité », une distinction décernée par cet organisme spécialisé en développement agricole et rural. Cette initiative met en lumière des hommes et des femmes qui laissent une empreinte durable dans les zones rurales des Amériques, un territoire clé pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que pour l'environnement durable à l’échelle mondiale.
En 1992, Sandra Ferguson a rejoint l'Agence pour la Transformation Rurale (ART), une organisation non gouvernementale basée à la Grenade. Ce petit pays de la Caraïbe, indépendant depuis 1974 et membre du Commonwealth, est réputé pour sa production de muscade, d’où son surnom « l’Île aux épices » (Spice Island, en anglais).
L’ART œuvre à l'autonomisation des communautés rurales, en mettant l’accent sur les femmes, les jeunes, les familles d'agriculteurs et les artisans.
Une fervente défenseuse de la production et de la consommation locale
Sandra Ferguson est une militante active pour la production alimentaire locale et la consommation de produits sains. Ce sujet est d’autant plus crucial dans la Caraïbe, où la sécurité alimentaire dépend fortement des importations.
Elle a joué un rôle clé dans la création de campagnes nationales de sensibilisation, telles que :
- « Grow What You Eat and Eat What You Grow » (Cultivez ce que vous mangez et mangez ce que vous cultivez)
- « Eat Local! Eat Healthy! » (Mangez local ! Mangez sain !)
« Consommer ce que nous produisons localement est plus sain, et notre priorité est d’utiliser l’alimentation comme un levier pour améliorer la santé des communautés. Nous avons mis en place un programme de distribution de semences de légumes et de fruits pour encourager les foyers à cultiver leur propre nourriture. En parallèle, nous avons lancé des formations sur la préparation et l’association des aliments pour optimiser leur valeur nutritionnelle, en ciblant principalement les mères de famille et les jeunes », explique Sandra Ferguson.
Un engagement fort pour les petits producteurs et les apiculteurs
Sandra Ferguson a également travaillé à la mise en place de programmes de micro-crédits à destination des petites entreprises, souvent exclues des financements traditionnels. Elle a aussi joué un rôle clé dans la relance du secteur apicole grenadien, aujourd’hui reconnu à l’international pour la qualité de son miel. Elle a également présenté une initiative visant à soutenir les apiculteurs en leur fournissant des emballages et d'autres services afin d'améliorer l'efficacité de leurs activités.
En 1997, elle a coordonné la participation de Grenade à l’International Honey Show en Grande-Bretagne, où le pays a remporté plusieurs prix prestigieux. Grâce aux projets de l'IICA et du ministère de l'Agriculture de Grenade, le miel grenadien a acquis une renommée mondiale.
La distinction Leader de la ruralité des Amériques est attribuée aux personnes qui jouent un double rôle essentiel :
- Garants de la sécurité alimentaire et nutritionnelle
- Protecteurs de la biodiversité, produisant dans des conditions parfois difficiles
Cette reconnaissance met en avant leur engagement et leur capacité à inspirer d’autres acteurs ruraux à travers la région.

Une vision ancrée dans la réalité agricole et climatique
« La Grenade est célèbre pour sa production de muscade. Avant que l'ouragan Ivan ne dévaste l'île en 2004, nous étions le deuxième producteur mondial de cette épice. Malheureusement, nous avons perdu cette position. Ensuite, l'ouragan Beryl nous a de nouveau frappés (en 2024) » , raconte Sandra Ferguson, dont le père était lui-même producteur de muscade et de cacao.
Après avoir étudié à la Faculté d’Agriculture de l’Université des Antilles (UWI), elle a poursuivi des études supérieures en développement agricole à l’Université des Antilles Guyane ((maintenant : Université des Antilles) en Guadeloupe et à l'Institut des Études Sociales des Pays-Bas.
« L’une des plus grandes leçons que j’ai retenues, c’est qu'un agriculteur sait ce qu'il doit faire. En principe, il n'est pas nécessaire de lui enseigner, mais plutôt de chercher à comprendre le système dans lequel il évolue. Il faut connaître ses ambitions, ses ressources et le contexte environnant pour pouvoir travailler avec lui. Cette prise de conscience m'a préparée à fonctionner dans la société civile, puis je suis entrée à l'Agence pour la transformation rurale, en commençant par la division des projets économiques », se souvient Sandra.
Mme Ferguson a expliqué qu'en 1981, l'Agence a commencé à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement en place à l'époque. Avec l'effondrement de ce gouvernement en 1983, l'Agence a été fermée. Un an plus tard, elle a rouvert ses portes, repris ses projets de soutien à la population rurale et a été enregistrée en tant qu'ONG.
Elle explique que « l'Agence a mené des projets pionniers de microcrédit dans le pays et a également permis aux petits agriculteurs d'accéder à une assistance technique ».
Dans cette optique, elle a mené plusieurs programmes de sensibilisation et d’autonomisation des femmes rurales, les encourageant à participer activement aux décisions qui impactent leur vie quotidienne.
Elle affirme que « la souveraineté alimentaire devient de plus en plus importante, compte tenu de l'impact du changement climatique sur la Caraïbe, qui déclenche davantage d'ouragans, de vagues de chaleur, d'inondations et de sécheresses. Nous devons revisiter les pratiques ancestrales et les connaissances indigènes, dont beaucoup sont inconnues des jeunes ».
En conclusion, elle a insisté sur le fait que « nous devons œuvrer à l'autonomisation des petits agriculteurs. Nous ne pouvons pas baisser les bras. Ils sont notre source d'inspiration dans la Caraïbe et le reste des Amériques, car nous savons que sans eux, nous ne pouvons pas avoir d'aliments sains ».
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